Le cancer du col de l’utérus demeure un véritable fléau pour les femmes au Bénin. Deuxième cancer le plus fréquent chez la femme après celui du sein, il bouleverse des vies, fragilise les familles et a des coûts humain et social considérables. Pourtant, il est aujourd’hui évitable grâce à 3 piliers : la vaccination contre le HPV, le dépistage HPV et des lésions précancéreuses, le traitement des personnes dépistées ou diagnostiquées. Grâce à la vaccination contre le papillomavirus humain (HPV), pouvant permettre d'eviter plus de 95 % des cas, le Bénin franchit une étape historique vers l’élimination de cette maladie. C’est dans ce contexte que se tient, du 13 au 15 octobre 2025, l’atelier de formation des formateurs pour la mise en œuvre de la vaccination contre le HPV simultanément dans 6 villes du pays (Djougou, Parakou, Dassa Zoumé, Lokossa, Abomey Calavi et Pobè) dans les salles de réunion des Directions Départementales de la Santé. Organisé par l’Agence Nationale des Soins de Santé Primaires (ANSSP), cet atelier vise à outil les parties prenantes pour le démarrage effectif du premier pilier de la stratégie d'élimination du cancer du col de l’utérus.

Une formation stratégique pour renforcer les compétences

Ces ateliers visent à doter les participants – chefs services santé publique et riposte des DDS, médecins Coordonnateurs des zones sanitaires ainsi que leurs collaborateurs responsables du PEV et de la communication – des connaissances nécessaires pour conduire la campagne de vaccination multi-cohorte contre le HPV.

Au programme : compréhension du virus et du cancer du col, caractéristiques du vaccin, critères d’éligibilité, gestion des effets indésirables post-vaccinaux, mobilisation sociale et supervision des activités. Ces modules permettent de consolider les capacités techniques et communicationnelles des acteurs, afin de garantir une mise en œuvre harmonieuse et efficace sur tout le territoire national.

La vaccination, premier pilier de la stratégie d’élimination

Le Plan national de lutte contre le cancer 2024-2028 s’inscrit dans la vision de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui appelle à l’élimination du cancer du col de l’utérus d'ici 2030 à travers trois piliers : la vaccination de 90% des filles avant l’âge de 15 ans, le dépistage de 70% des femmes à 35 ans puis a 45 ans et le traitement des lésions précancéreuses et des cancers chez 90% des femmes concernées.

Le Bénin avait déjà franchi plusieurs étapes à travers le démarrage du dépistage HPV avec la Fondation Claudine Talon, complété par le lancement le projet Success II ainsi que le renforcement de la prise en charge grâce à un partenariat public-privé novateur avec les laboratoires Roche.

La vaccination constitue désormais le premier pilier de cette stratégie. Elle protège les jeunes filles contre les HPV oncogènes de types 16 et 18, responsables de la majorité des cancers du col, et pourrait à terme contribuer à éviter 95 % des cas. L’introduction du vaccin dans le Programme Élargi de Vaccination (PEV) de routine, couplée à une campagne multi-cohorte pour les filles de 9 à 14 ans, permettra d’assurer une couverture équitable et durable.

Une approche participative et communautaire

Le succès de cette initiative repose sur une forte mobilisation sociale. Le Plan de communication nationale pour la vaccination anti-HPV, validé en 2025, met l’accent sur la collaboration intersectorielle entre la santé, l’éducation et les affaires sociales. Enseignants, parents, leaders religieux, associations de femmes et relais communautaires sont au cœur du dispositif.

Cette approche inclusive vise à lever les barrières socioculturelles, à combattre les rumeurs et à renforcer la confiance des populations dans le vaccin. Des outils variés – causeries éducatives, campagnes médiatiques, communication digitale et dialogues communautaires – soutiendront la diffusion de messages clairs et adaptés.

Un jalon vers un avenir sans cancer du col de l’utérus

En ouvrant l’atelier de Parakou, le Chef du Service Santé Publique et de la Reproduction (CSSPR), représentant le Directeur Départemental de la Santé, a salué l’engagement du gouvernement et de ses partenaires pour la protection des filles et des femmes. L’heure n’est plus à la sensibilisation seule, mais à l’action concertée.

Ces formations des formateurs constituent une étape déterminante pour garantir le bon déroulement des campagnes sur le terrain et amorcer une ère nouvelle où le cancer du col de l’utérus ne sera plus une fatalité. Grâce à la synergie des acteurs et à la vaccination, le Bénin se rapproche résolument de l’objectif mondial d’élimination de cette maladie évitable — un avenir où chaque fille grandira à l’abri du cancer du col de l’utérus.